Naissance

C’était quand ? Le jour où j’ai entendu pour la première fois la bande originale de Phantom Of The Paradise quand j’avais 6 ans ? Ou la première fois que j’ai vu Alien ? Ah non, c’est peut-être quand j’ai écouté Time Out de Dave Brubeck. Et puis, il a eu la collection de Metal Hurlant des parents, avec Druillet et Moebius, ou les 74 épisodes de Goldorak, et Wish You Were Here de Pink Floyd… Je ne sais pas. Sans doute la somme de tout ça. Entre autres. L’éveil a été multiple. Un héritage des années 70, puis, de plein fouet, les « années geek » 80, avec ses ordinateurs, ses films, et tous les 45 tours anglo-saxons sur la chaîne hi-fi familiale, dignes représentants de cette époque consumériste et opulente.

TRONIKAA, c’est le résultat de cette culture de fond, celle de l’enfant rêveur absorbé par les histoires d’étoiles, de robots, augmentée de toutes les découvertes et les passions musicales du musicien que je suis devenu avec le temps.
Les noirs américains, la soul de Stevie Wonder, le jazz de Herbie Hancock, mais aussi les anglais, le rock progressif de Yes, la pop et les inventions en tous genre des Beatles.
Mais alors comment faire cohabiter les machines avec les violons, le groove avec le lyrisme, les aspérités organiques avec le contrôle électronique ?
Mes outils : quelques synthétiseurs analogiques, une basse, encore des claviers vintage, une guitare, deux ou trois machines numériques de plus, et une poignée d’amis talentueux pour le reste (batterie, cuivres, cordes, etc.).
Fermer les yeux, voir le film.

Pendant tant d’années j’ai produit et joué pour les autres, notamment le mélodiste Barton Hartshorn, les rappeurs de Sexion D’assault, la chanteuse Nigériane Asa, le chanteur Arnold Turboust ou les comédies musicales londoniennes ; toujours à leur service, même si j’en ai gardé le plaisir et l’exaltation pour moi. Aujourd’hui, il s’agit d’aller chercher qui je suis à ce stade, après tous ces partages, toutes ces rencontres, tous ces artistes accompagnés, ces tournées, ces clubs, ces théâtres, autant de nourritures spirituelles et humaines.

L’album Inner Hyperspace est donc finalement une première tentative, mais on pourra aussi citer Maître Yoda : « Fais ou ne fais pas. Il n’y a pas d’essai ». Alors voilà, c’est fait.

Bonne immersion, à la découverte d’un univers intérieur, visité à la vitesse de la lumière.

Vincent Guibert